HAYES Terry : Je suis Pilgrim

Je suis Pilgrim
Terry Hayes

Sortie le 2 avril 2014

Pilgrim est le nom de code d’un homme qui n’existe pas. Il a autrefois dirigé une unité spéciale du Renseignement américain. Avant de prendre une retraite dans l’anonymat le plus total, il a écrit le livre de référence sur la criminologie et la médecine légale. Mais son passsé d'agent secret va bientôt le rattraper...

Une jeune femme assassinée dans un hôtel sinistre de Manhattan.
Un père décapité en public sous le soleil cuisant d’Arabie saoudite.
Un chercheur torturé devant un laboratoire de recherche syrien ultrasecret.
Des cadavres encore fumants trouvés dans les montagnes de l’Hindu Kush.
Un complot visant à commettre un effroyable crime contre l’humanité.
Et un fil rouge, reliant tous ces événements, qu'un homme est résolu à suivre jusqu’au bout.

Mon avis

Le roman commence tel un thriller classique : une jeune femme retrouvée assassinée dans la chambre d’un motel sordide, aucune trace exploitable par la police et la voix d’un mystérieux consultant appelé sur les lieux, qui nous narre la macabre découverte… Sauf que voilà, ce consultant n’est pas n’importe qui. Il a perdu depuis longtemps son nom véritable, vivant sous des identités d’emprunt. Et il a autant, sinon plus, de sang sur les mains que le mystérieux meurtrier de la jeune femme…

« Je suis Pilgrim » est un récit complexe, maîtrisé de bout en bout avec un art consommé, au point que je n’ai pas vu le temps passer. Il nous emmène dans le monde trouble du renseignement et de l’espionnage. Ici, point de glamour à la James Bond, mais une réalité âpre et dangereuse, où notre narrateur inconnu se dresse seul sur la route d’un terroriste bien décidé à venger le meurtre de son père…

Il faut saluer le travail de recherche minutieux entamé par l’auteur, qui nous balade avec une aisance déconcertante de la Suisse aux montagnes désertiques de l’Afghanistan, en passant par les couloirs de la Maison Blanche ou encore les plages de Bodrum, qui, sous leur image idyllique, sont le théâtre d’un rude combat. Ce qui m’a touchée également dans ce roman hors norme, se jouant des attentes du lecteur et le surprenant à chaque page, c’est la voix de ce narrateur, de cet homme plus que jamais solitaire, hanté par les cauchemars d’une vie passée. Son paradoxe réside dans sa figure d’espion et de tueur sans pitié, qui, peu à peu, s’effrite pour livrer un portrait touchant et intriguant d’un homme livré à lui-même, qui ne désire plus se salir les mains et veut mener une vie normale. Rêve utopique, comme l’action très présente dans ce livre le démontre avec efficacité.
L’auteur a accordé autant de soin à ses personnages qu’à son intrigue et ils sont tous fascinants à découvrir. Ici aussi, point de manichéisme bon/méchant : à l’image du monde du renseignement, de troublantes zones de gris apparaissent, au point qu’on en vient parfois à se demander qui est le chasseur… et la proie. Ajoutez à cela une fin douce-amère, que je ne dévoilerai pas, et un style efficace, accrocheur, vous obtenez un roman solide, une plongée vertigineuse et dont on ne ressort pas indemne. Un récit qui hante encore longtemps la mémoire du lecteur, grâce notamment à son narrateur.

En conclusion, un roman à découvrir et un auteur à suivre !